Comment l’EMDR en visio peut vous aider à surmonter un traumatisme

L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) repose sur le principe du retraitement adaptatif de l’information : en réactivant un souvenir traumatique tout en stimulant les deux hémisphères cérébraux, on aide le cerveau à “digérer” ce qui était resté bloqué.

Dans l’approche traditionnelle, on part du souvenir source : on identifie l’image, la croyance négative, la charge émotionnelle, puis on engage directement le processus de désensibilisation.
Cette méthode fonctionne très bien pour les traumatismes simples — un accident, une agression ponctuelle, un événement isolé.

Mais dans les cas plus complexes (traumas multiples, troubles de l’attachement, anxiété chronique, dépression, épuisement), cette désensibilisation directe peut devenir trop intense.
Le système nerveux, déjà en alerte, n’a parfois pas les ressources nécessaires pour supporter cette exposition émotionnelle.

C’est un peu comme vouloir remettre un bateau à flot en pleine tempête : le risque n’est pas de couler, mais de réactiver la houle sans avoir encore stabilisé la coque.

Mon protocole EMDR part d’une logique inverse. Plutôt que de plonger immédiatement dans le passé, je commence par reprogrammer le calme. C’est une étape essentielle où le cerveau apprend à retrouver ses repères de sécurité dans le présent, ici et maintenant.

Cette phase permet de stabiliser le système nerveux avant toute exposition émotionnelle : on travaille d’abord sur la régulation physiologique, la respiration, la conscience corporelle, la capacité à revenir à soi. Autrement dit, on prépare le terrain avant de semer.

Ce n’est qu’une fois cette base consolidée que la désensibilisation devient utile et écologique. Le cerveau peut alors revisiter les souvenirs traumatiques sans se dissocier ni se surcharger, car il sait déjà comment revenir au calme.

La différence est simple et profonde :

C’est ce qui rend cette approche adaptée à toutes les situations, des traumatismes les plus anciens aux blocages du quotidien, en passant par les blessures relationnelles.

Une séance d'EMDR à distance suit le même protocole qu’en cabinet. Le patient s’installe dans un endroit calme, connecté en visio via un lien sécurisé.

Les stimulations bilatérales — qui activent alternativement les deux hémisphères du cerveau — peuvent se faire de trois façons, dont l’efficacité équivalente a été démontrée scientifiquement :

En visio, on utilise le plus souvent les sons (via des écouteurs) ou le toucher (tapotements auto-guidés). L’écran ne crée pas de distance : il devient un espace thérapeutique à part entière. Ce n’est pas la pièce qui soigne, mais le lien, la voix, le regard, le rythme.

La thérapie EMDR en visio offre une sécurité paradoxalement renforcée : la personne est dans son environnement familier, avec ses repères et ses ressources autour d’elle.
Cela facilite souvent l’accès à l’émotion juste, sans surcharge.

La visio permet aussi une grande liberté : pas de déplacement, moins de contraintes, et un cadre plus stable pour le système nerveux.
Dans une approche comme la mienne, où la reprogrammation du calme précède la désensibilisation, cet environnement familier devient un allié thérapeutique puissant.

L’EMDR permet de traiter de nombreux types de blessures émotionnelles :

Le cerveau ne distingue pas les “petits” ou les “grands” traumas : il distingue ce qui reste bloqué de ce qui circule.
Dès qu’un souvenir garde une charge émotionnelle active, l’EMDR peut permettre de le transformer.

Chaque stimulation crée un rythme, une respiration entre les hémisphères cérébraux.
C’est comme si le cerveau se remettait à danser : un pas à gauche, un pas à droite.
Peu à peu, l’émotion perd son intensité, le corps se détend, le souvenir devient supportable.

Mais cette “danse neuronale” n’est possible que si le terrain est prêt.
C’est pourquoi, dans ma pratique, je commence toujours par la reprogrammation du calme :
on apprend d’abord à réguler le système nerveux, à retrouver des appuis internes solides, avant d’aller explorer les zones plus sensibles.

Choisir un praticien EMDR, c’est avant tout choisir une alliance humaine.
Assurez-vous que le thérapeute soit formé, certifié, et qu’il prenne le temps d’expliquer sa méthode.

En visio, cette alliance n’est pas affaiblie — elle est souvent plus directe, plus intime.
La distance de l’écran permet parfois de se livrer avec davantage de liberté, sans crainte du jugement.
L’important, c’est le sentiment de sécurité et de confiance, pierre angulaire de tout processus de transformation.

L’EMDR en visio n’est pas une solution de repli, mais une évolution naturelle de la thérapie.
Elle permet au patient de travailler en profondeur, dans un environnement qui favorise la régulation et la confiance.
Le cerveau, lui, ne voit pas l’écran : il perçoit la sécurité, la présence, le rythme.

Et parfois, c’est justement dans ce cadre à distance que la magie opère —
là où le regard, la voix et la danse bilatérale du cerveau suffisent à rouvrir le chemin du calme, de la liberté intérieure et de la guérison durable.